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Life is strange

  • Photo du rédacteur: Kimcey Oumse
    Kimcey Oumse
  • 5 juil. 2016
  • 6 min de lecture

Alors soyons très clairs. Déjà que je ne suis pas très doué pour adopter un style journalistique, je t'annonce que je vais m'extasier comme jamais sur ce jeu vidéo qui est à mon avis le jeu le plus proche d'une oeuvre d'art qui soit sorti pour l'instant. Tu t'insurges? Tu me trouves emphatique? Tu t'en fous? Alors ce post est fait pour toi.

Chronique d'un chef d'oeuvre annoncé

Ce jeu est une prod DONTNOD/TELLTALE. Ce dernier n'a pas à rougir d'une réputation d'éditeur sérieux qui propose toujours des jeux de qualité. Il est composé de cinq épisodes, le premier étant sorti en janvier 2015 et le dernier le 20 octobre 2015. Une oeuvre qui a mûri plutôt lentement, puisque son développement débute courant 2013. C'est un jeu encensé par les critiques, joueurs & presse. Et si ses concepteurs ont plutôt la cote dans ces deux facettes du public, leur bébé quintuplé Life is Strange, c'est clairement leur chef d'oeuvre.


Chef d'oeuvre parce que rarement un jeu vidéo aura autant développé. Alors ne te fourvoie pas, j'ai passé suffisamment d'heures sur des JRPG (je pense aux personnages très réussis de FFIX, qui est un de mes jeux préférés), RPG dits européens - on a pourtant soupé de la critique dithyrambique de The Witcher 3 - et autres licences enchanteresses. Mais là, et c'est la force de Life is strange, on a affaire à un jeu dont la finesse de l'écriture - et le temps investi dans la mise en scène de cette dernière - s'apparente à une (très bonne) série, à un excellent album. Ce jeu nous rappelle qu'un jeu vidéo, c'est un support qui peut tout mettre en scène, qui peut recouper toutes les formes d'art, tout en proposant à son public d'en devenir à la fois le spectateur, l'acteur et ici, le scénariste.


Bon déjà, qui peut détester un jeu qui propose ce genre de décors?

Bon je peux flamber, mais je n'investis pas dans un jeu sans avoir fait le tour de la critique. Ce que je fais. Et je tombe sur cet article des Inrocks, qui encense le jeu et n'en mentionne presque pas les défauts. Eux qui ont plutôt la dent dure, pour ne pas dire qu'ils sont souvent carrément snobs... Bizarre. Je lis le nom de Syd Matters, de José Gonzalez. Des pointures de l'indie folk, auxquelles je voue un culte littéral (j'ai construit de nombreuses statues en chewing-gum à leurs effigies). Cinq minutes plus tard, j'achète le jeu. Et comme tu l'as compris, je ne regrette absolument pas les malheureux euros ainsi investis. Pourquoi?


UNE ESTHETIQUE BIEN PARTICULIERE


Déjà, parce que Life is strange, c'est une claque visuelle à effet pervers. C'est clairement pas du tout hyperréaliste dans les textures, et on pourrait facilement trouver le soft poussif sous cet aspect. Or, non. Life is strange est un jeu qui te séduira parce qu'il est beau, au sens qu'il est esthétique. C'est un patchwork, mûrement composé, et les images du jeu te rappelleront davantage des souvenirs de décors, que des photographies. Autrement dit, entre fidélité et déformation humaine, Life is strange a choisi la seconde option. Et plusieurs fois dans le jeu, on s'arrête et on regarde. On le fait presque tout le temps en fait. D'où effet pervers: on le trouve étrangement envoûtant, malgré ses défauts esthétiques évidents. Peu de jeux vidéos m'ont déjà fait cet effet.


Cela ne t'intéressera probablement que relativement peu, mais j'ai d'abord parcouru le jeu sur un gros pc gamer. Toutes les options graphiques et la résolution réglées au maximum. C'est seulement aujourd'hui que je rédige ce test (oui, je suis un homme très occupé), et j'y ai rejoué sur Mac. Mon Macbook Pro Retina 13" a un écran magnifique, et je n'en apprécie qu'encore davantage les choix des créateurs du jeu dans ce domaine. Mais parce que jouer sur Mac, c'est jouer avec une config plutôt moyenne, sache que j'y ai rejoué avec les options graphiques plutôt basses. Il est évident que les screens de cet article sont de très bonne qualité, mais de joueur à joueur, même avec une petite config, le jeu s'obstine à te délivrer cet effet perturbant: il est moche, mais tu le trouves magnifique. Et en plus, j'ai repayé pour y rejouer. Donc tu imagines bien que payer deux fois pour le même jeu, c'est rarement un investissement que l'on réalise à la légère.

Temporalité et GamePlay

D'ailleurs, contempler, c'est une chose que le jeu nous permet de faire. La temporalité est une notion très importante de L.I.S. Alors Je te spoile, mais pas plus que n'importe quel teaser du jeu. Comme beaucoup d'excellentes oeuvres, on peut la résumer très simplement: tu es Max, tu adores la photo, tu te sens perdue dans ta nouvelle école. Ah oui, et tu peux remonter le temps de quelques instants.



Je ne m'attarderai pas sur le gameplay, qui est spécifique au genre du jeu: un point'n'click. Surtout, ne t'attarde pas là-dessus. C'est le genre d'étiquettes qu'on associe souvent à des dents jaunes, des pellicules et de la sueur dans des cybercafés, tandis que les Pentium 4 peinent à faire tourner un MIST. Life is Strange tient beaucoup plus, encore une fois, d'une oeuvre de cinéma indépendant que d'une catégorie valise de jeu vidéo. Le pouvoir de Max permet deux choses que je trouve important de souligner: l'absence de gameover, qui rappelle le joueur à la réalité. Un plus en terme d'immersion, c'est indéniable. Ce pouvoir permet également de jouer avec les autres personnages, ce qui donne au joueur l'agréable impression qu'il est réellement maître de Max. Et vu les thèmes abordés, et le choix d'un personnage unique, qu'on ne peut absolument pas personnaliser, ce sentiment de contrôle en immersion est à mon sens un gros point fort du jeu.


Immersion & envoûtement

Le jeu prend également le temps de composer une véritable toile de relations. Bien sûr, nous sommes sur un campus, quoi de plus logique? Mais l'atout du jeu réside dans sa capacité à les rendre crédibles, en développant les liens entre Max et les autres protagonistes avec une grande douceur et une certaine crédibilité. On a souvent l'impression de se balader sur Pinterest, en écoutant de la bonne musique, et en regardant Twin Peaks.



Allez, écoute cet extrait de l'OST et ose me dire que t'es pas envoûté. Ose. Une playlist absolument incroyable. Je choisis de ne pas trop m'étendre là-dessus, parce que tes oreilles comprendront mieux que tes yeux. La musique est partout, et le silence est toujours pertinent. Les choix effectués la rendent toujours justifiée et elle devient plutôt la bande son d'une vie qu'un bête habillage sommaire. Elle fusionne avec le design, l'écriture des dialogues (plutôt excellente, elle aussi) et forme un tout.


Eloge de la liberté

Jouer à Life is strange, c'est devenir Max. C'est sentir l'herbe coupée, c'est apprécier un rayon de soleil en début de soirée, c'est prendre le temps d'observer le décor dans son intégralité. C'est là que le jeu ne plaira pas à tout le monde: le parti pris est la liberté totale. On peut parcourir Life is Strange en 5h par épisode, ou bien le torcher en 40 minutes. Et même si le potentiel de rejouabilité est non-négligeable, je doute qu'un imbécile suffisamment atteint pour avoir rushé ce petit bijou soit du genre à y retoucher ensuite. Les autres joueurs apprécieront ce choix qui, à mon sens, donne beaucoup plus l'illusion de la réalité que n'importe quelle prouesse technique. Et c'est une réalité déformée, bien sûr, car on a bel et bien affaire à une oeuvre d'art, du niveau des grands maîtres des différentes formes actuelles & traditionnelles.


Et c'est là toute la puissance de L.I.S: enfin, nous avons le plaisir de jouer à un jeu dans lequel les créateurs osent manifester un avis et une personnalité. Enfin, les gens qui produisent disent aux gens qui consomment: vous aimerez si vous êtes comme nous. On y plonge avec bonheur parce qu'il nous rappelle notre vie, des moments précis, des souvenirs, des projections, des fantômes. Ce jeu est bourré de défauts, il est plein d'aspérités, mais il n'est jamais aseptisé. Il est atypique, il est étrange. Il porte donc très bien son nom, et s'avère être un très fidèle portrait de l'objet de son hommage permanent: la vie. Oui, c'est pompeux, mais quand tu auras joué au jeu, tu comprendras combien il est émouvant d'y passer des heures.


Pour achever de te conclure, toi qui sais désormais qu'il doit s'acheter ce jeu et y jouer dans la minute, voici un screen d'un moment magnifique du jeu. Dans l'épisode 1, Max joue de la guitare. Elle reprend, entre autres, Crosses, de José Gonzalez. Et voilà le point le plus essentiel du jeu à mon sens : Max n'est pas un personnage que l'on a envie de jouer, elle est une personne que l'on souhaite rencontrer.


Parce qu'à l'instar de ses créateurs, Max a des goûts, une opinion, des envies, des rêves, des doutes, elle devient réelle. Par moment tu la trouveras stupide, parfois tu souriras de sa (ta) bêtise, d'autres fois tu t'arrêteras pour la regarder faire quelque chose. Ou même pour la laisser végéter sur le plan scénaristique, tandis qu'elle joue tranquillement sur son lit, dans sa petite chambre d'étudiante, avec ses fameuses photos instantanées derrière elle. Tu te rappelleras que son côté cul-cul, c'est de son âge, et tu lui pardonneras sa candeur.

Que dire pour conclure? Ce jeu est un ovni, et je n'ai pas suffisamment développé certains aspects volontairement pour te laisser les découvrir avec plaisir. La musique, le scénario, et l'évolution des personnages, ces trois choses là, c'est à toi de les découvrir. Life is strange est disponible ici sur Steam, et depuis très peu de temps sur l'App Store. Tu n'as plus d'excuses, alors disparais et cours y jouer.



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